Lettre à Jacques Julliard

À Jacques JULLIARD

Le Nouvel Observateur

6 mai 2009

Cher Monsieur,

Votre article sur les droits de l’homme méconnait ce que sont réellement les communautés de foi.

Certes il y a des indulgents (les Turcs furent indulgents au Phanariotes, mais pas aux Arméniens, les Quakers furent plus indulgents que les Puritains, etc.), mais il est de l’essence de la foi de haïr l’erreur.

Mais, dites-vous, la doctrine des droits de l’homme met le doute cartésien et la discussion au centre de la pensée ?

A l’origine, c’est vrai. Plus si les droits de l’homme opèrent une juridisation de la société : alors surviennent la loi Pleven-Gayssot, puis la Halde. On condamne celui qui dit que si tous les hommes et femmes devenaient homosexuels, l’humanité disparaitrait. Bientôt ce sera « le village qui a voté que la terre est plate » de Kipling.

Durkheim avait raison : l’homme est un animal fondamentalement religieux.

Donc inquisitorial. « Qu’ils aillent au feu éternel » (Mathieu, 24) dit Jésus qui passe pour « droit-de-l’hommiste » ; et aussi : « Fais les entrer de force ».

Et Jésus est le plus doux. Relisez la Torah, relisez le Coran.[1]

En m’excusant de cette intrusion,

Je suis votre,

Jean José Marchand.

[1] Ceci dit, il y a quelque chose digne de Molière à voir les Inquisiteurs laïques s’indigner contre le Pape et les Rabbins orthodoxes quand ils rappellent : « Croissez et multipliez et remplissez la Terre. »

 

 

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