La campagne qui se développe actuellement contre la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, sous le prétexte d’une diminution des ressources est odieuse. Certes, la critique de toute décision du président de la République est légitime. Mais la forme qu’elle prend maintenant atteint de plein fouet la grande œuvre que fut l’ORTF, qui permit de produire l’œuvre de Jean-Christophe Averty, les Cinq dernières minutes, Cinq colonnes à la Une de Lazareff, Desgraupes et Dumayet, les documentaires de Jean-Marie Drot et quantités de productions originales comme les Shadocks, les films de Jean Lhôte, de Bernard Hecht et Frédéric Rossif… sans compter les dramatiques souvent excellentes, dont la liste serait trop longue.
En face de cela, que nous proposent les publicitaires : la Star Ac ? des jeux ? Sous le soleil ? Les délégués de l’Etat qui dirigèrent l’ORTF furent inégaux, mais certains très grands : Jean d’Arcy, Albert Ollivier ; d’autres, des animateurs irremplaçables, tel Pierre Sabbagh. Aucune œuvre n’est parfaite mais celle de l’Etat fut très supérieure à celle des publicitaires. Quant à la censure gouvernementale, elle fut appliquée ni plus ni moins que sous les trois présidents de la République qui se sont succédés, sans parler de celle de l’argent qui régit tout de nos jours.
Jean José Marchand, ancien chef du service du cinéma à la télévision de 1959 à 1974, auteur des Archives du 20ème siècle, produites par l’ORTF.