Journaux de voyage d'Henri de Régnier

 

Henri de REGNIER

Escales en Méditerranée

Buchet-Chastel 265 pages 16 euros

On redécouvre Henri de Régnier depuis l’édition de son Journal, il y a quelques années. Le plus subtil des gentlemans monoclés à longues moustaches est réapparu, sorti de l’ombre où l’avaient tenus son rival Pierre Louÿs et son ami Paul Valéry. On lira avec intérêt les extraits de ses journaux de voyage : c’est toujours plein d’acuité bien que parfois trop joli, trop élégant. On se délectera et on placera très haut la dernière partie du livre intitulée Donc, où il se débride enfin et dit sa vérité sur le monde et sur les hommes. C’est presque du Saint Simon mâtiné de La Bruyère : « Il y a un tel sentiment de la justice que cela ressemble à de l’envie » ; « Il l’adore et il la déteste ; bref, ils s’aiment » ; « Je n’aime pas tous mes amis, mais celui-là, je le déteste » ; « On a l’impression qu’il cherche à terre une épingle, celle qu’il saura toujours tirer du jeu » ; « Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de se taire » ; « Elle fut de ces femmes que tout le monde regrette et qui ne manquent à personne », etc. C’est la grande tradition, celle qui semble disparaître (mais renaîtra).

La préface de Madame Marie de Laubier, d’une grande lucidité, d’une vraie finesse, contredit par là même Henri de Régnier (« Les femmes mentent bien parce qu’elles ont l’impression de dire la vérité »).

Jean José Marchand

 

 

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