Cent ans de modernisme : généalogie du concile Vatican II

 

Abbé Dominique BOURMAND

Cent ans de modernisme : généalogie du concile Vatican II

Editions Clovis BP 88 Etampes cedex 490 pages 2003

Cet énorme et remarquable livre historique est écrit du point de vue du catholicisme orthodoxe d’avant Vatican II. L’auteur n’oublie jamais que le concile n’a pas été dogmatique, mais de catéchèse (propaganda fide en latin) et que ses recommandations ne sont pas des conclusions, comme on l’a écrit généralement. Un retour aux idées du concile de Trente est donc en théorie toujours possible.

C’est la théologie qui intéresse avant tout l’auteur. Il analyse patiemment le progrès depuis Kant, de toutes les thèses religieuses opposées à celles de Saint Augustin et surtout de Saint Thomas. On passe ainsi des idées de Martin Luther (1483-1546), géniteur lointain de Kant (le kantisme l’aurait mis dans une colère folle !) à Fichte, Schelling, Hegel et Nietzsche ; l’abbé Bourmand donne des résumés, très orientés, doctrinalement, (mais remarquables) des théories de Schleirmacher (1768-1834), Christian Baur (1792-1860), David Frédéric Strauss (1808-1874), Ritschl (1822-1889), Harnack (1851-1930), Renan (1823-1892), Bergson, né juif mais devenu chrétien (1859-1941), Blondel (1861-1949), Laberthonnière (1860-1932), Loisy (1857-1940), Tyrrel (1861-1909), Irlandais leader du modernisme anglo-saxon, Fogazzaro (1842-1911), puis, après 1910, Teilhard de Chardin (1881-1955), prophète séduisant mais fumeux, et ses disciples Henri de Lubac (1896-1991), Hans Urs von Balthazar (1905-1988), Dibelius, Congar, Chenu, et même Ratzinger. Plus original était Rudolf Bultmann (1884-1976), le Loisy allemand.

Mais le plus grand de tous, le seul qui a réussi une synthèse magistrale, fut Karl Rahner (Fribourg-en-Brisgau 1904-Innsbruck 1984). Avec Rahner, la vieille religion catholique est remplacée par un hégélianisme christianisé : Dieu est la synthèse actuelle de l’infini et du fini, l’humanité est Dieu développé dans sa plénitude (on reconnait les idées d’Auguste Comte et de Renan). On peut donc être chrétien sans connaitre le Christ… nature et grâce se confondent ! Théorie qui révulse les vieux chrétiens et les musulmans, qui scandalise les juifs orthodoxes, pour qui Jésus fut un imposteur.

Le livre se termine par une polémique de l’auteur au sujet de l’action de Paul VI et de Jean-Paul II.

Jean José Marchand

 

 

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